L'incinération des gaz polluants
La combustion de mercaptans ou d'H2S ne permet pas toujours
de très bons résultats tant en Papeteries, avec le procédé de
chaudière de régénération de la liqueur noire "basse odeur",
qu'en Pétrochimie dans la combustion par torchère qui nécessite
un système de neutralisation par précipitation au chélate de
fer. Par ailleurs, cette solution présente de nombreux inconvénients:
a
- Production de gaz sulfureux.
b - Coût énergétique très élevé.
L'adsorption des mercaptans ou de l'H2S
L'opération consiste à transférer le composé à éliminer
de la phase gazeuse vers une phase solide. Le matériau le
plus couramment utilisé est le charbon actif qui se présente
sous différentes formes: grains, tissus... etc.
Afin d'accroître les performances, le charbon est parfois
imprégné d'aldéhyde notamment.
Dans le traitement des odeurs de mercaptans ou d'H2S ce procédé
ne présente pas d'intérêt économique (le charbon saturé est
remplacé par du neuf) et s'avère dangereux (forts échauffements
et risques d'incendie) lors de l'adsorption.
La biodésodorisation
La bio-épuration de gaz tels mercaptans et H2S implique
la mise en relation biomasse/substrat.
On peut réaliser ce contact de plusieurs manières qui conduiront
soit à un bio-lavage soit à une bio-filtration.
Dans le cas du bio-lavage, les composés sont extraits avec
de l'eau qui les transporte jusqu'aux micro-organismes épurateurs.
Les micro-organismes peuvent aussi être présents dans l'eau
de lavage.
Dans le cas de la bio-filtration, les micro-organismes sont
présents sur le matériau qui est traversé par le gaz a épurer.
Dans ces procédés l'épuration conduit à des co-produits de
métabolisation voire à une production de biomasse.
Les installations de bio-épuration occupent une place au sol
considérable sur le site d'utilisation et il faut souligner
une maintenance complexe.
Il faut rappeler la méthode de "masquage des odeurs" qui est
une méthode ancienne et inefficace à quelque distance du lieu
d'émission.
Une autre méthode consiste en une complexation de dérivés
soufrés par des composés aminés notamment des
amino-alcools mais nécessite par la suite la relibération
des dérivés soufrés piégés.
Le lavage oxydant des gaz polluants
Rappel
de la notion d'oxydation
On
considère qu'un élément ou un ion a subi une oxydation
s'il devient porteur d'une charge électronique positive
par perte d'un ou de plusieurs électrons.
Par
exemple: Fe++ Oxydation ----> Fe++ + e -
Inversement
un élément ou un ion a subi une réduction s'il acquiert
une charge négative par acquisition d'un ou de plusieurs
électrons.
Par
exemple: Cl2 + 2 e- ----> 2 Cl -
Le
potentiel oxydant d'un milieu réactif est mesuré en
unités électriques (ampérométrique ou potentiomètrique).
La perte d'un ou plusieurs électrons appelle une réaction
d'équilibre avec des composés électro-négatifs afin
de tendre vers l'état d'oxydation zéro.
L'oxygène, du fait de sa grande mobilité en milieu conducteur
est l'oxydant type. Il provient de composés peu stables,
libérant tout ou partie de leur oxygène pour assurer
la formation d'acides, d'oxydes, ou de sels stables
par rupture des liaisons intermoléculaires.
Par
exemple:
Na-O-Cl
+ H-OH <----> HOCl + NaOH
HOCl <--------------> HCl + O - (O naissant)
HCl + NaOH --> NaCl + H2O
|
La
méthode générale utilise le lavage du flux gazeux par une
solution aqueuse par transfert des composés à éliminer de
la phase gazeuse vers la phase liquide. Cette technique
s'accompagne souvent d'une réaction chimique.
- Si le composé
transféré ne subit aucune modification, seule l'absorption
physique intervient.
- Si en phase liquide, pour améliorer la "solubilité apparente"
du produit a éliminer, on joue sur le pH pour favoriser
sa dissociation, le procédé est un transfert de masse accompagné
d'une réaction chimique instantanée.
Le terme de lavage
acido-basique désigne cette opération.
L'emploi d'un oxydant est susceptible à son tour d'augmenter
l'efficacité d'un lavage aqueux. La destruction par oxydation
améliore le transfert.
L'oxydation se superpose ou suit le lavage acido-basique.
L'opération est alors soit un lavage oxydant, soit un lavage
acido-basique suivi d'une oxydation.
Le captage des gaz à épurer est couramment effectué sur des
tours de lavages à trois étages en série.
Le transfert de masse avec réaction chimique, suivant l'importance
de l'effluent, est effectué sur des colonnes à garnissage,
à bulles ou à plateaux, voir en cuves agitées. L'adjonction
d'un oxydant dans la solution aqueuse de lavage (chlore, eau
oxygénée, ozone) ou l'oxydation de cette dernière après le
lavage ont un double objectif:
- Éliminer
le polluant en accélérant le transfert de masse notamment
pour les mercaptans peu dissociés au pH de travail.
- Oxyder le produit absorbé afin de régénérer en continu
la solution de lavage.
Exemple
d'unité de désodorisation en station d'épuration
urbaine de traitement des eaux usées.

1. Le chlore
et ses dérivés
Le chlore est employé
soit sous forme de chlore gazeux ou naissant, soit sous forme
d'hypochlorite ou de chlorite de sodium. On aboutit soit à
la formation d'acide hypochloreux: HClO, soit à la formation
de bioxyde de chlore: ClO2.
Il est à noter que le chlorite de sodium peut générer, selon
le pH de travail, des émanations gazeuses très irritantes
et suffocantes de bioxyde de chlore présentant, en outre,
des dangers d'incendies.
Le chlore naissant est aussi formé par électro-chloration
d'une solution d'hypochlorite ou de saumure de sodium.
Les réactions qui sont citées dans la littérature transforment
l'H2S soit en soufre colloïdal, soit en sulfates:
HS-
+ ClO - ------> S + OH - + Cl -
S2- + 4 ClO - ----> SO42- + 4 Cl -
Pour arriver au
stade de sulfate, la consommation théorique de chlore est
de 4 moles de Cl2 par mole d'H2S.
En pratique pour obtenir un rendement d'élimination supérieur
à 99,8% et une transformation quasi-totale en sulfate, la
consommation de chlore est de 5,2 moles par mole d'H2S détruit
et une consommation de soude d'environ
5 moles/mole.
L'action du chlore sur le méthylmercaptan est plus complexe.
Le premier produit d'oxydation est le diméthyl-disulfure
(CH3-S-S-CH3), lui-même très malodorant qui doit subir une
oxydation ultime jusqu'à l'acide méthyl-sulfonique
(CH3-SO3H). Pour éliminer ce type de composé soufré, l'emploi
d'un excès d'oxydant est nécessaire. Les rendements d'élimination
sont de l'ordre de 85 à 95% seulement même en utilisant un
excès de chlore à pH > 10.
Les consommations de chlore et de soude sont élevées (respectivement
8,5 et 7,6 moles/mole de CH3SH éliminé).
2. L'ozone
Oxydant très puissant,
toujours produit in-situ, dilué dans un gaz contenant de l'oxygène
(air ou oxygène pur).
Lors de son emploi par lavage et oxydation, il est nécessaire
de le transférer à la phase liquide, soit par un
hydro-injecteur dans le liquide avant l'opération de lavage,
soit dans une deuxième étape où il viendra oxyder le mercaptan
ou l'H2S absorbé.
En milieu aqueux H2S est oxydé par l'ozone principalement
sous forme de sulfate. Le pH se situe entre 9 et 11.
Les consommations d'ozone varient entre 0,8 et 3 moles d'oxydant
par mole d'H2S. (effets d'auto décomposition et d'inhibiteurs
de radicaux libres).
Pour les mercaptans on devra augmenter au maximum le pH (ionisation
maximale) et tenir compte des effets de sel.
3. L'eau oxygénée
L'action de l'eau
oxygénée sur les mercaptans et l'hydrogène sulfuré a fait
l'objet de nombreuses publications.
Une étude effectuée en 1990, montre une consommation globale
de 12 moles d'H2O2 par mole d'H2S détruit, alors que la consommation
théorique n'est que de 4 moles/mole et qu'en laboratoire,
compte tenu d'espèces intermédiaires moins oxydées formées,
on ne consomme instantanément que 2 moles/mole.
L'utilisation d'eau oxygénée pour épurer un milieu contenant
de l'H2S entraîne souvent la formation d'odeurs alliacées.
4. Le chélate
ferrique
Les procédés qui
mettent en oeuvre un chélate ferrique permettent d'obtenir
directement du soufre élémentaire à partir de gaz acides,
de telle sorte qu'il n'y a pas de pollution secondaire, éliminent
de façon satisfaisante l'odeur de l'hydrogène sulfuré mais
peuvent exiger des conditions contraignantes (pressions supérieures
à l'atmosphérique, températures élevées).
CONCLUSIONS
L'obtention
de rendements élevés exige des hauteurs de garnissage de colonne
importantes. La pratique courante met souvent en jeu l'utilisation
de laveurs en série.
Le traitement d'un mélange de polluants se fait en 2 ou 3
étages en série. Le plus souvent un étage de traitement acide
pour l'élimination des composés azotés, suivi d'un étage de
traitement basique oxydant ou de traitement oxydant suivi
d'un traitement basique.
L'avantage principal du lavage réside dans son aptitude à
atteindre des hauts rendements après optimisation des procédés
spécifiques mais l'inconvénient majeur vient de la création
d'une pollution liquide (fabrication importante de sels et
présence d'oxydants dans les rejets).
Les
méthodes
de lavage précitées ont l'inconvénient majeur de générer
des produits de substitution eux-mêmes polluants (certains
sels ou des oxydants).
Pour le dioxyde de soufre (SO2)
Les
solutions actuellement adoptées dans l'industrie se rangent
dans les catégories suivantes:
Traitement par action à la source
a-
Par modification des procédés utilisés, notamment incinération
(catalyse humide sur charbon actif,
traitement du combustible).
b- Par injection de désulfurant dans le foyer.
c- Par traitement des fumées:
- lavage
des gaz à la chaux hydratée,
- procédé
semi-sec (atomisation d'un lait de chaux),
- procédé
sec (injection de chaux pulvérulent
En pétrochimie
divers procédés sont à ce jour utilisés parmi lesquels :
- Procédé
Scott pour unité de traitement des gaz de queue des
unités Claus.
- Procédé Clauspol.
- Procédé Sulfacide (catalyse humide sur charbon actif).
En chimie la méthode
la plus courante consiste à capter le SO2 sur de la soude.
La solution de sulfite de sodium obtenue est souvent rejetée
tel quel ou oxydée avant rejet.
Captage du SO2 par la soude
Les méthodes d'épurations
de SO2 ont, en particulier, l'inconvénient majeur d'entraîner
la formation de produits pouvant conduire à une acidification
néfaste de l'environnement.